C’est mon Nicolas qui m’a donné l’idée de créer un blogue. Mais je en savais pas quel tire je lui donnerais. Nicolas m’a fait remarquer que son blogue portait le nom d’une chanson: «Oops I Did It Again», sa chanson préférée. Mais quelle était ma chanson préférée, ou plutôt mon chant préféré? Le Sanctus de la messe.
Le Sanctus est le seul morceau de l’anaphore (ou canon eucharistique, ou prière eucharistique) réservé aux fidèles laïcs. Et l’anaphore est la prière d’action de grâce de l’Église. Pourquoi donc, dans tous les rites de toutes les traditions d’Occident et d’Orient, les fidèles laïcs chantent la même hymne? D’ailleurs non seulement eux, mais même le clergé, puisque dans la plupart des anaphores, le post-sanctus commence aussi avec ces mots: «saint… es-tu…».
C’est parce que, je crois, la meilleure façon d’acclamer Dieu, c’est de lui dire qu’il est saint. Et notre vocation est aussi d’être saints, mis à part pour Dieu, mis à part du monde, mis à part pour son service. C’est également la vocation des anges, qui glorifient Dieu de la même manière: le Sanctus a d’abord été chanté par les anges.
Donc mon chant préféré, que j’allais donner comme titre au blogue, est le chant eucharistique par excellence: le Sanctus.
Peu avant de commencer le blogue, j’avais une discussion avec un ami musicien suisse d’origine juive. Nous parlions de la sainteté. Et il me montrait que la plupart des langues, en traduisant la notion sémitique de sainteté, ont utilisé des termes qui expriment d’autres choses. Dans les langues sémitiques, QDS signifie «mis à part», tandis que le latin sanctus, qui a donné des mots similaires dans toutes les langues romanes et slaves, renvoie plutôt à la notion de sacrifice sanglant. Sanctus est le participe passé du verbe sancire, dérivé de sanguis «sang».
Les langues sémitique, par contre, n’ont que la notion de «mettre à part». En hébreu qadoš (קדוש), en syrien/araméen qadiša, en arabe qoudouss (قديس), en guèze et amharic qidouss, en maltais qaddisa.
Et pourquoi, de toutes les langues sémitiques, ai-je choisi le terme arabe? Pour plusieurs raisons. D’abord, le quartier où j’habitais à l’époque, à Etterbeek, était peuplé de beaucoup de chrétiens arabophones, qui, quels que fussent leurs rites d’origine et leurs juridictions d’origine, eucharistiaient ensemble à la paroisse de Saint Jean-Chrysostome. Beaucoup d’entre eux avaient souffert des persécutions à cause de leur foi, dans leurs pays d’origine. À l’époque, lorsque j’étais libre les dimanches matin, c’est là que j’allais à la messe. (D’ailleurs, c’est ainsi que j’ai appris un peu d’arabe classique.) Et les seules fois que j’ai chanté le Sanctus en une langue sémitique, ce fut là-bas, en arabe.
Mon blogue ne s’appelle pas Al-Qoudouss, mais tout simplement qoudouss. Le Saint par excellence, Al-Qoudouss, est Dieu seul. Mais il communique sa sainteté à son Église, son corps, dont nous sommes les membres. Dieu est mis à part de toute sa création. Il ne fait pas partie de la création, et sa création n’est pas engendrée, mais bien créée. Il n’y a que les trois religions monothéistes ou révélées qui témoignent de cela. Mais par l’adoption filiale, il permet à l’homme d’être mis à part avec lui, par la grâce.
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